Dans le cadre de mon  cours d’AIP, j’ai eu l’occasion de faire une interview d’une membre du groupe écolo.

1) En quoi consiste votre métier ?

Je suis attachée de presse pour le groupe écologiste au Parlement européen. Je travaille essentiellement avec les correspondants des médias européens basés à Bruxelles. Je couvre les médias francophones (français, belges) ainsi qu’italiens et espagnols. Nous sommes 3 dans le département presse. Ma collègue germanophone est en charge des médias de langue allemande (Allemagne et Autriche). Quant à mon collègue britannique il couvre les pays anglophones (Grande-Bretagne et Irlande) ainsi que les autres pays de l’Union européenne puisque l’anglais fonctionne comme une sorte de langue commune.

2) Qu’est-ce qui vous a amené à travailler dans le domaine de l’environnement ?

Pour être franche, il n’y a pas eu de mon côté de plan de carrière précis. Après une année en économie à l’ULB, j’ai renoncé à m’inscrire en deuxième année pour bifurquer vers la philosophie. L’économie telle qu’elle était enseignée ne me passionnait pas et encore moins ses débouchés classiques. Vu mon background plutôt scientifique, j’ai choisi l’orientation philosophie des sciences. Mais une fois terminées mes études je n’avais toujours pas d’idée précise au plan professionnel jusqu’à ce que j’accepte l’offre d’un député européen belge élu en Italie. J’avais en réalité côtoyé des personnes qui militaient au sein de leur organisation non-gouvernementale représentée aux Nations-Unies. Leur approche politique était intéressante et totalement atypique. Avec eux, j’ai milité pour des campagnes transnationales essentiellement axées sur les droits humains et les libertés civiles. Pour moi qui n’avais jamais eu d’empathie vis-à-vis du monde politique, cette rencontre a été décisive.
Après quelques années, une opportunité unique s’est présentée au sein du Parlement européen. J’ai été contactée par le bureau de Daniel Cohn-Bendit, qui cherchait un(e) assistant(e) parlementaire. L’Union européenne et l’écologie sont ainsi devenues le quotidien de ma vie professionnelle. J’ai ensuite poursuivi ma carrière au sein du groupe des parlementaires écologistes européens dans le département presse et communication.

3) Votre avis sur les problèmes environnementaux ?

Les problèmes environnementaux s’imposent aujourd’hui comme des défis majeurs pour nos sociétés. Si je les qualifie de majeurs, ce n’est pas simplement parce qu’ils nous concernent tous, que nous partageons une seule planète et que l’on ne peut tout simplement pas négocier avec les phénomènes induits par la dégradation de notre environnement.

C’est aussi parce qu’ils requièrent des mutations fondamentales au niveau politique et que, malheureusement, les dirigeants des pays européens ne semblent pas prêts à les assumer totalement.

Enfin, parce qu’ils impliquent une transformation de notre modèle de développement économique qui aura nécessairement un impact sur l’organisation de nos sociétés, nos modes de vie et l’emploi.

4) Quel est le problème environnemental qui vous tient le plus à cœur ?

Personnellement, les problèmes qui me passionnent le plus sont ceux qui ont trait à la santé.
Il y a évidemment le problème des pollutions atmosphériques qui causent des milliers de décès prématurés et de maladies, dont le cancer. La Belgique étant, par ailleurs, l’un des plus mauvais élèves européens quand il s’agit de prendre des mesures pour améliorer la qualité de l’air.

Les pesticides et autres substances toxiques qui dégradent notre environnement sont aussi responsables de problèmes majeurs de santé publique. Il y a d’ailleurs une campagne européenne éclairante en ce moment qui vise à interdire le glyphosate, un composant des pesticides qui perturbe le système endocrinien.

Et quand on constate que la santé n’est pas automatiquement la priorité de l’action politique, trop souvent influencée par le lobby des industriels, il y a vraiment de quoi s’inquiéter. C’est flagrant pour l’industrie chimique mais l’exemple de l’industrie automobile est tout aussi éloquent. Cela fait un an et demi que le scandale des logiciels truqueurs utilisés par VW a éclaté et aucune mesure sérieuse n’a été prise jusqu’ici. Aujourd’hui, nous savons que la majorité des constructeurs ne respectent pas la législation européenne sur les taux d’émissions polluantes mais rien n’est fait pour indemniser les consommateurs lésés et, plus grave encore, pour protéger la santé des Européens.

5) Quelles sont les qualifications requises pour travailler dans le domaine l’environnement ?

Je ne pense pas être le meilleur exemple vu mon parcours atypique d’autant plus que j’exerce un travail dans la catégorie particulière du monde politique.

Ceci étant, disposer d’un bagage « environnemental » est clairement un atout. L’environnement est l’affaire de tous et sa protection implique en réalité tous les secteurs à tous les niveaux. Il est nécessaire de former des ingénieurs, des techniciens, des scientifiques, des ouvriers, des enseignants, des animateurs, des médecins, des juristes et même des politiques…

Les questions environnementales qui sont vastes et complexes devraient faire partie du cursus obligatoire dès l’école primaire. Il faudrait réformer l’enseignement et multiplier les formations pour que les individus soit en mesure de répondre à la demande d’emplois nouveaux qui dépendent de l’environnement ou qui ont été créés, remplacés dans le cadre d’une transition vers une économie plus verte.
La préservation des ressources naturelles, de la biodiversité, la réduction des pollutions (des sols, de l’air, des eaux etc.) et l’autonomie énergétique requièrent des compétences spécifiques nouvelles que l’enseignement classique ne couvre pas.

6) Quels sont les secteurs d’avenir dans l’environnement ?

Tous les secteurs de l’économie sont concernés par la transition écologique. La restructuration de notre économie en fonction des contraintes écologiques débouche sur la création d’emplois dits « verts » dans le secteur des services et des biens environnementaux mais, plus généralement, dans tous les secteurs de production.

Les changements technologiques et règlementaires liés à la transition vers une économie plus efficace en ressources et à faibles émissions de carbone à des conséquences profondes pour une vaste gamme de professions. L’agriculture, la fabrication, la construction, l’installation et l’entretien, les activités scientifiques, techniques, administratives qui sont liés aux services contribuant à la conservation et au rétablissement de la qualité de l’environnement sont directement concernés. Ceci inclut notamment les emplois qui aident à protéger et à rétablir les écosystèmes et la biodiversité, à réduire la consommation de l’énergie, des matériaux et de l’eau à l’aide de stratégies de haut rendement, à diminuer les émissions de carbone, à minimiser ou éviter complètement la génération de toutes formes de déchets et de pollution.

Prenons le secteur du bâtiment qui consomme énormément d’énergie. L’Union européenne a imposé des règles pour réduire la consommation et favoriser l’efficacité énergétiques. Celles-ci impliquent de rénover les anciens bâtiments pour diminuer la consommation d’énergie mais également de construire des bâtiments à faible consommation et, mieux encore, des structures passives.
Il y a donc un potentiel d’emplois nouveaux considérables pour les gens qui auront été formés aux nouvelles techniques et matériaux de construction.

L’efficacité énergétique concerne aussi tous les appareils ménagers. Les rendre moins énergivore implique, à nouveau, des individus spécialisés et des scientifiques.

Quant à la production-même d’énergie, le développement des énergies renouvelables crée des emplois nouveaux dans plusieurs domaines. Nous avons besoin de techniciens capables d’installer des panneaux solaires, tout comme d’ingénieurs pour exploiter des éoliennes constituent des emplois verts ou d’ouvriers travaillant sur leur mise en réseau…
Des emplois verts devront aussi être créés en amont au niveau des industries fournissant le matériel. L’ouvrier d’une entreprise métallurgique qui fabrique des pièces détachées nécessaires à monter une éolienne ou le comptable qui en fait le bilan annuel sont aussi des emplois créés grâce à la restructuration plus écologique de l’économie.

Il faut bien entendu que les pouvoirs publics mettent en place des politiques qui garantissent l’essor de ces énergies alternatives et financent la recherche et le développement

En d’autres mots, l’action de l’Union européenne et de ses États est essentielle pour garantir l’essor d’une économie verte. L’enseignement et la formation doivent être réadaptés mais il faut également prendre des mesures pour stimuler les emplois verts ainsi que les investissements. Concrètement, cela veut dire améliorer la règlementation environnementale et son application mais également créer des outils financiers adaptés (mesures fiscales telles que les allègements fiscaux ou subsides, élargir et appliquer le principe « pollueur -payeur », augmenter le prix du carbone actuellement trop bas sur le marché des quotas d’émissions polluantes.

Un autre secteur clé pour l’emploi est évidement celui des transports. Non seulement, l’industrie automobile doit produire des véhicules moins polluants (donc innover et former des gens) mais il est également nécessaire de développer des politiques de mobilité durable. Autrement dit, renforcer les services publics, le transport fluvial, le rail. Il ne serait pas insensé, par exemple, d’investir dans les pays européens pour créer ou renforcer les réseaux de trams dans les villes.

En ce qui concerne, le secteur agricole hautement polluant, de nouvelles techniques sont nécessaires mais également le soutien aux petits producteurs spécialisés dans l’agriculture biologique et les circuits courts.

Le recyclage, la gestion des déchets constituent également des secteurs clés qui nécessitent des qualifications précises.

Un dernier exemple, celui de la finance. Puisque qu’aujourd’hui les entreprises recherchent déjà des conseillers pour diversifier leurs portefeuilles d’actions et investir dans des secteurs écologiquement plus responsables.

7) Quels sont les objectifs des partis écologistes pour l’environnement ?

Cette question est intéressante car cela voudrait dire que le partis écologistes ne sont plus nécessairement perçus comme des partis exclusivement orientés sur l’environnement.

En tout cas, pour les partis écologistes il est fondamental de respecter les engagements internationaux permettant de lutter contre la dégradation climatique. Le cadre de l’Union pour le climat et l’énergie à l’horizon 2030 fixe l’objectif de réduire, d’ici à 2030, les émissions de gaz à effet de serre de 40 % par rapport aux niveaux de 1990. C’est également l’engagement international que l’Union européenne a pris dans le cadre l’accord de Paris sur le changement climatique et qui est entré en vigueur en novembre 2016. Pour le moment, nous sommes cependant loin d’avoir les mesures politiques qui nous permettraient de respecter ces engagements.

Autre priorité pour les écologistes : garantir une bonne qualité de l’air, enrayer la pollution des sols et de l’eau, préserver les ressources naturelles ainsi que la biodiversité.

Ils proposent également des pistes pour arriver à des modèles durables dans les domaines de la pêche, de l’élevage et de l’agriculture et défendent l’accès à une alimentation de qualité.

Préserver notre environnement c’est faire en sorte que la planète reste viable pour nous mais également pour les générations futures.

8) Que pensez-vous de notre option ? (Technicien en environnement)

C’est clairement une option à l’avant-garde et prometteuse. Comme je le disais, je trouve dommage que ce type d’option ne soit pas automatiquement proposé à tous les élèves. Car, elle plus qu’utile, tournée vers le futur et elle mériterait d’être multipliée sur tout le territoire.

Je remercie Mme De Sario pour le temps qu’elle a bien voulu me consacrer 

http://www.greens-efa.eu/fr/priority/group/climate/

http://www.greens-efa.eu/fr/notre-groupe/personnel/